La RDC a désormais 2 compagnies d’aviation. Ce qui est apparemment une bonne nouvelle pour le pays qualifié de « sous-continent » mais qui n’était desservi jusqu’à présent que par des compagnies étrangères. Le lancement des vols de la nouvelle société dénommée « Air Congo » couplé à la relance de Congo Airways est une grande lueur d’espoir pour les voyageurs du pays de Lumumba. Mais il y a de quoi se faire du mauvais sang…
Air Congo, la fille congolaise de l’Ethiopie
Contrairement à Congo Airways, la compagnie Air Congo est née d’un partenariat public-privé, entre l’Etat congolais (51%) et Éthiopian Airlines (49%). Les deux avions déjà disponibles pour cette compagnie appartiennent au géant éthiopien de l’aviation, et les postes clés au sein de Air Congo, sont occupés par des Éthiopiens. Mais dans un pays où la compagnie nationale est dans une peine éternelle, et qu’elle va désormais partager la part du marché avec une autre compagnie nationale, en plus des privées, le risque d’une nouvelle chute semble permanent.
Le gouvernement a-t-il bien fait de lancer Air Congo sans avoir au préalable guéri tous les maux de Congo Airways ? Si l’on considère que Congo Airways fonctionne avec des avions loués et Air Congo, avec des avions d’Ethiopian Airlines, donc l’État congolais n’a toujours pas d’avions. Son pouvoir au sein de deux sociétés (bien qu’elles portent le nom Congo) reste très limité. Un petit désaccord peut tout faire foirer et nous ramener à la case de départ.
Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul
Le gouvernement congolais a cru mieux faire en lançant une nouvelle campagne d’aviation. C’est simplement déplacer le problème sans le résoudre. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les effets, tôt ou tard, les maux de Congo Airways seront ceux de Air Congo tant que l’État ne dispose d’une vision claire et ambitieuse de sa politique d’aviation.
La joie risque évidemment d’être de courte durée. Car pour réussir ce challenge, la compagnie mère, celle dont l’État est propriétaire doit de facto être bien assise, pour contrer tout caprice des privés. Ethiopian Airlines fait du business et ne concèdera rien au gouvernement qui ne soit prévu dans le contrat de collaboration. Et face au non-respect des engagements, seconde nature des autorités congolaises, le sort de Air Congo rivalisera avec celui de Congo Airways.
Bonaventure Isaac Parker/congoactu