C’est le débat qui agite la classe politique en RDC. Dans les hauts salons de Kinshasa, la révision ou le changement de la constitution est un serpent de mer, alors que la population contemple innocemment et impuissamment cette nouvelle guerre politicienne. Le peuple qui revient tout juste des élections, et qui n’attend que l’amélioration de ses conditions sociales, se trouve déjà confronté à choisir entre réviser ou non une constitution dont elle ne comprend absolument pas les failles et les forces.
La classe politique congolaise abonnée à tout sauf à l’essentiel, vient de ressusciter allègrement un débat qui, on le sait, donnera naissance à des tensions et frustrations sociales, au point d’emporter les vies de plus fragiles. Mais est-ce que le Congo, dans son état actuel, a vraiment besoin d’une nouvelle constitution, et d’une constitution modifiée ? La réponse divise. L’opposition dit non, et la majorité, oui. Qui a tort ? Au peuple de trancher…
La constitution bloque-t-elle le développement ?
Le pouvoir sous-tend que l’actuelle constitution a des faiblesses, et que celles-ci empêchent les gouvernants de mieux gérer le pays. La nomination du Premier ministre qui prend du temps, autant que la sortie du gouvernement, puisqu’il faut, au préalable et dans l’esprit de la constitution, identifier la majorité au parlement par le biais d’un informateur. Mais cela suffit-il pour en déduire que c’est la loi mère du pays qui bloque le développement ? Nous pensons que non.
La constitution ne vole pas 1$ des caisses de l’État, la constitution n’empêche pas les gouvernants de construire les routes et les écoles. Ce n’est pas la constitution qui retarde l’instauration de la paix à l’Est, elle n’est pas non plus celle qui a rendu Kinshasa plus insalubre que n’importe quelle capitale africaine. Plus loin, ce n’est pas la constitution qui a fait de Daniel Bumba gouverneur de Kinshasa, au détriment d’un certain Gérard Mulumba, qui en seulement 3 semaines, avait prouvé qu’il est possible de changer positivement l’image de Kinshasa.
Une nouvelle quête malsaine
Les dirigeants politiques ont délibérément décidé de rétrograder les aspirations du peuple au second plan, pour faire primer leurs propres intérêts. C’est justement dans la quête de cette satisfaction égoïste qu’aujourd’hui, beaucoup s’agitent et veulent toucher à la constitution pour laquelle des citoyens sont morts, des églises désacralisées, et bien plus. Qui pour expliquer ce virement inopiné ? Ceux qui ont lutté contre la révision de la constitution hier, sont les mêmes qui veulent la revoir aujourd’hui. Étonnant n’est-ce pas ? Aiment-ils vraiment la population ? Non !
Au peuple d’ouvrir l’œil et le bon face à cette nouvelle distraction visant à détourner les regards des échecs palpables d’un gouvernement dont la vision de redressement du pays demeure plus que jamais ambiguë. Le peuple a besoin de manger à sa faim, de voir des routes pratiquantes, des écoles et universités modernes, vivre dans un milieu salubre, être bien rémunéré et profiter des richesses de son pays.
Et ça, ce ne sont pas les choses que la constitution peut faire, mais de vrais dirigeants politiques, des leaders à la vision éclairée. Comment le Ghana se construit avec sa constitution de 5 ans, pour un mandat présidentiel ? Comment font le Nigeria, l’Afrique du Sud pour s’imposer comme de puissantes économies et pays prospères en Afrique avec leur constitution qui consacrent 5 ans pour un mandat présidentiel ?
Bonaventure Isaac Parker / CONGOACTU