Goma, qui est la capitale touristique du Nord-Kivu, semble retrouver sa position centrale dans le paysage politique de la République Démocratique du Congo. L’apparition médiatisée de l’ex-président Joseph Kabila le 18 avril dernier dans une région déstabilisée par des décennies d’instabilité nourrit déjà les spéculations sur une éventuelle réorganisation politique.
De plus en plus de sources évoquent la possibilité que Moïse Katumbi Chapwe, ancien gouverneur du Katanga et candidat infructueux à l’élection présidentielle de 2023, fasse son apparition.
D’après des informateurs proches de la situation, la visite de Joseph Kabila à Goma témoigne d’une intention manifeste de « contribuer activement à une résolution de crise dans l’Est », surtout face aux attaques récurrentes du M23. « Le retour prochain de Joseph Kabila à Goma, symbole fort de notre souveraineté nationale, envoie un message limpide », avait affirmé Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi, en début avril. Il précisa que la résolution de la crise au Congo devait être le résultat d’efforts internes et non pas seulement d’interventions de la communauté internationale.
Ces déclarations, faites avant que l’issue finale de Kabila ne soit révélée, prennent désormais une signification particulière. Goma, une ville stratégique et à la frontière, pourrait se transformer en un terrain d’expérimentation pour la réconciliation politique entre adversaires de longue date.
Pour l’instant, Moïse Katumbi n’a pas donné de confirmation quant à sa présence à Goma. Toutefois, un certain nombre d’analystes mentionnent des interactions discrètes entre son cercle rapproché et celui de Joseph Kabila. Autrefois rivaux tenaces, ces deux hommes semblent désormais s’accorder sur un constat partagé : l’approche actuelle de la crise sécuritaire à l’Est est défaillante.
Tandis que Félix Tshisekedi critique souvent son prédécesseur pour ses prétendus liens avec le M23, allégations qu’il réfute, Kabila de son côté aurait intensifié les discussions avec des personnalités de l’opposition, dont Katumbi, ainsi qu’avec des membres de la société civile. Objectif supposé : offrir une solution de remplacement viable à la situation bloquée actuelle.
Joseph Kabila, après son départ du pouvoir en 2019, s’était tenu à l’écart, poursuivant des études à l’étranger. Son retour en RDC, dans une conjoncture aussi volatile, ne peut pas être sans signification. Il encourage officiellement la réconciliation nationale et appuie le processus de paix. De manière officieuse, de nombreux analystes perçoivent une intention de regagner un rôle majeur dans la politique congolaise à l’approche des futurs scrutins.
Si Moïse Katumbi se rendait réellement à Goma, cela pourrait constituer un tournant significatif : l’émergence d’un nouveau front politique entre deux figures de proue du pays, unies face à une gouvernance en déclin dans l’Est.
MM