Le Rwanda a accusé lundi la mission de l’ONU en République démocratique du Congo, connue sous son acronyme français Monusco, de « prendre parti » et de soutenir Kinshasa alors que les relations entre les voisins s’effondrent.
Les tensions récurrentes entre la RDC et le Rwanda ont de nouveau éclaté le mois dernier sur fond de violents affrontements près de la frontière commune, qui s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés et même, ces derniers jours, de lancer des frappes transfrontalières.
L’ONU a exhorté samedi toutes les parties au conflit à « cesser immédiatement toutes les formes de violence », ajoutant que « nous réaffirmons notre engagement ferme en faveur de la souveraineté, de l’indépendance, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la RDC et condamnons fermement l’utilisation de procurations ».
Lundi, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a fustigé la Monusco, l’accusant d’avoir un parti pris en faveur de Kinshasa.
« Quand la RDC bombarde le territoire rwandais sans provocation, c’est une affaire grave qui a des conséquences, et ça doit s’arrêter une fois pour toutes.
« La force de l’ONU, la MONUSCO, ne peut pas faire partie de cette agression, ni rester les bras croisés et la regarder se produire comme cela a été le cas, sinon elle devient complice », a-t-elle déclaré sur Twitter.
Elle a ajouté:En prenant parti dans ce conflit, la MONUSCO a largement contribué à l’intransigeance du gouvernement de la RDC dans les bombardements transfrontaliers du territoire rwandais.
Depuis fin mai, l’est de la RDC est le théâtre de violents combats entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23, un groupe principalement tutsi congolais, et l’un des plus de 120 groupes armés qui parcourent l’est de la RDC.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23, une allégation que Kigali a démentie à plusieurs reprises.
Les deux pays ont récemment échangé des accusations réciproques de grèves transfrontalières.
Le ministère rwandais de la Défense a déclaré vendredi que l’armée congolaise avait tiré deux roquettes sur son territoire.
La RDC a déclaré à son tour que les forces rwandaises avaient bombardé une école sur son territoire, tuant deux enfants dans ce qu’elle a décrit comme un « crime de guerre » et un « crime contre l’humanité ».
Contacté par l’AFP, le porte-parole Makolo a rejeté les accusations, les qualifiant de « fausses et dangereuses ».
« Malgré des provocations répétées… le Rwanda n’a pas riposté. Il n’y a pas eu de bombardements du Rwanda vers la RDC, les combats en cours là-bas restent une affaire interne », a-t-elle déclaré lundi.
Les relations entre les deux pays sont tendues depuis l’arrivée dans l’est de la RDC de milliers de Hutus rwandais – le groupe ethnique accusé d’avoir tué des centaines de milliers de Tutsis lors du génocide de 1994 au Rwanda.
Un dégel dans les relations a suivi l’arrivée en 2019 de Félix Tshisekedi à la présidence de la RDC, mais les tensions se sont à nouveau exacerbées depuis le mois dernier.