Depuis quelques semaines, les prix des denrées alimentaires ont pris de l’envol sur le marché. Au rond-point Ngaba, à Matete, au marché de la Liberté (Masina) … où se sont rendus nos reporters, les prix des produits vivriers et d’autres articles d’usage courant ont subi une hausse de 30 % en deux mois. Curieusement, cette flambée intervient au moment où le taux de change de la monnaie locale reste stable face aux devises étrangères. Pour nombre d’observateurs, cette » secousse » au niveau du panier de la ménagère serait une résultante de la crise en Ukraine qui serait à la base de la pénurie de certains combustibles (pétrole, gaz, …) et céréales (blé …) dont Moscou et Kiev sont les principaux producteurs sur l’échiquier planétaire. Si leur importation semble aujourd’hui poser problème au regard de la rareté et des tensions entre l’OTAN et la Russie, des consommateurs locaux ne comprennent pas pourquoi les prix de certains produits des champs et d’autres vivres venant de l’intérieur du pays même prennent l’ascenseur, alors qu’ils abondent encore dans les greniers. Une réalité qui dénote, sans doute, de la spéculation, s’accordent plusieurs analystes. Dossier.
Matete : poulets, chinchards, sucre, huile de table … prennent l’ascenseur
Au marché de Matete, les consommateurs ont du mal à ménager leurs revenus face à l’instabilité des prix de denrées alimentaires. Depuis quelques semaines environ, le poulet, le chinchard, l’huile de table, le sucre, le sel … ont pris l’ascenseur, alors que le taux de change reste stable. Reportage.
Prisé par les ménagères, le marché de Matete donne de plus en plus du fil à retordre aux gagne-petits qui s’y rendent au quotidien. Un tour dans les pavillons de ce lieu de négoces nous permet de nous en rendre compte.
Un bidon d’huile végétale de 5 litres coûte actuellement 23.000 Fc alors qu’il revenait à 20.000 Fc. Le prix de celui de 25 litres passe, pour sa part, de 45.000 Fc à 52.000 Fc.
Un bidon d’huile de palme de 25 litres qui se négociait à 45.000 Fc, est vendu actuellement à 52.000 Fc et celui de 5 litres est passé de 12.000 Fc à 15.000 Fc. Une bouteille de coca passe, quant à elle, de 700 Fc à 1.000 Fc.
Quant au sac de sel de 25 kg, il se négocie à 25.000 Fc, alors qu’il se vendait à 18.000 Fc. Tandis qu’un sachet de sucre Kwilu Ngongo se vend à 11.000 Fc alors qu’il coûtait 10.000 Fc.
Très apprécié par les Kinois, le carton de poissons chinchards 16+ se négocie aujourd’hui à 120.0000 Fc au lieu de 75.000 Fc. Le carton de 20+ se vend à 170.000 Fc alors qu’on s’en procurait à 120.000 Fc.
Le carton de poulets passe de 45.0000 Fc à 85.000 Fc. Le poulet qui coûtait entre 4.500 Fc à 5.000 Fc revient aujourd’hui à 7.000 Fc ou 7.500 Fc.
Un sac de braises revient actuellement à 46.000 Fc, alors qu’il se négociait hier à 42.000 Fc.
Un carton de savons (Le Coq blanc) est vendu à 15.600 Fc, alors qu’il coûtait 13.600 Fc. Celui de savon Le Coq jaune passe de 15.000 Fc à 17.000 Fc.
D’après les vendeurs, les prix des marchandises augmentent pendant que le taux du dollar américain reste stable. Ils se plaignent, dès lors, car la survie de leurs familles devient de plus en plus difficile du jour au lendemain.
Face à cette situation préoccupante, vendeurs et acheteurs tirent la sonnette d’alarme. Des voix s’élèvent pour demander au Gouvernement de s’impliquer pour rendre les prix plus accessibles. Tricya MUSANSI
Marché de Liberté : le prix des vivres ont augmenté de 30 %
»Trop, c’est trop. On n’en peut plus. Les prix des articles de première nécessité ont augmenté. »C’est la même ritournelle que ça soit du côté des vendeurs que des acheteurs ». Si peu de produits ont gardé leurs prix, nombre d’entre eux ont connu une augmentation de 30 %« , scandent vendeurs et acheteurs dans les couloirs du marché de Liberté.
Ici, une légère stabilité est observée sur certains produits tels que les haricots et le savon. » Le prix des haricots en provenance de Goma est stable. « Ebundeli » (la mesure utilisée) coûte .2000 Fc. D’autres la négocient à 1.800, 1.700 et voire 1.500 Fc, selon la qualité bien sûr », nous souffle une vendeuse de cette denrée
Par contre les prix des poissons salés, les surgelés, du riz et de l’huile végétale ont été revus à la hausse. »Un kilo des poissons salés est passé de 13.500 Fc à 15.000 Fc, 16.000 Fc, voire 17.000 Fc. »Le sac de riz de 25 Kg se vend actuellement à 48.000 Fc au lieu de 47.000 Fc.
Les prix des articles vont généralement crescendo. Un sac de Semoule est passé de 45.000Fc à 60.000Fc en l’espace d’un mois. Il en est de même du piment, de la tomate fraîche, du sel et du sucre.
« Les gens disent que c’est l’impact de la guerre en Ukraine. Peut-on vraiment croire que le piment et la tomate fraîche viennent de l’Ukraine ? », s’interroge d’un ton révoltant une dame croisée devant un échoppe au marché de Liberté.
Les Kinoises ne sont plus en mesure de se procurer les poissons communément appelé « mpiodi ». Ce, d’autant qu’ils coûtent extrêmement cher pour le moment. Un kg de 20+ coûte 7.000 Fc au lieu de 6 000 Fc. Un poulet (wilky) revient à 8 500 au lieu de 8 000 Fc.
Un litre d’huile végétale se vend actuellement à 5.000 Fc alors qu’il y a peu, il se négociait à 3. 800 Fc. Un sachet de sucre (5 Kg) qui était vendu à 9000fc coûte actuellement 11000fc.
La boîte de tomates et le sel ont connu une légère augmentation 50 à 100 Fc. La tomate est passée de 300 à 350 Fc et le sel (sakombi) de 500 à 600 Fc.
Comme on peut le constater, il est clair et net que le prix des produits de première nécessité ont augmenté au marché de Liberté. Les vendeurs en détail et les grossistes n’émettent pas sur le même diapason.
Un cambiste qui évolue dans ce marché se dit étonné d’assister à un tel revirement. » Le roi dollar qui, dans la plupart des cas dicte la loi est resté stable depuis belle lurette. Si les prix sont en train de basculer, c’est de leur propre gré (pointant de doigt accusateur les commerçants). C’est de la mauvaise foi », lâche-t-il.