Sa démission, le 16 septembre courant, de son poste de conseiller du Président Félix Tshisekedi, en charge des questions stratégiques, n’absout pas le « péché » commis. Bien au contraire. Vidiye Tshimanga est attendu ce mercredi 22 septembre au « confessionnal » du Procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe.
« Je vous invite à vous présenter à mon cabinet de travail, sis au 2ème niveau, local 01 de l’Immeuble Palais de Justice, Place de l’Indépendance à Kinshasa/Gombe, ce mercredi 21 septembre 2022 à 11h00′ précises pour une communication vous concernant », peut-on lire sur l’invitation que M. Raymond Kalonda, officier du Ministère public, a adressée au désormais ancien très proche collaborateur de Félix Tshisekedi.
Secret de polichinelle, Vidye Tshimanga a été le 15 septembre, au cœur de plusieurs vidéos en anglais et en français, publiées par le journal suisse Le Temps, et devenues virales quelques heures plus tard. Mais, c’était trop tard, car à l’ère et à l’heure des réseaux sociaux, où les sons et les images sont partagées à la vitesse du son, ces vidéos avaient déjà atterri sur plusieurs smart phones des internautes congolais d’ici et d’ailleurs.
Sur l’une de ces vidéos, on a vu Vidye Tshimanga, attablé dans un restaurant de Londres au mois de juillet denier, avec de soi-disant investisseurs dans les mines, un homme et une femme. « Vous allez investir 200 millions. Vos 200 millions sont à vous. A Vous de faire faire du profit. Nous allons partager les parts de la société. Pas pour mes beaux yeux. Mais, parce que je vous apporte de la sécurité « , déclarait Vidye Tshimanga sur cette vidéo, ignorant qu’il était piégé.
Sur une autre vidéo, l’homme se présente comme le collaborateur le plus écouté de Félix Tshisekedi, pour avoir financé sa campagne lors de la présidentielle du 30 décembre 2018. Depuis, l’affaire a provoqué un véritable électrochoc dans différentes plateformes de réseaux sociaux. Au propre comme au figuré, les commentaires ont enflé la toile, selon que l’on soit partisan de l’actuel Chef de l’Etat ou de l’Opposition.
« LEVER LE VOILE SUR LES COMMANDITAIRES »
Secoué par cette affaire, Vidye Tshimanga n’a pas attendu que le mauvais temps le quitte. Il a joué à l’anticipation, en quittant le mauvais temps à temps. D’où, sa démission le vendredi 16 septembre.
« J’ai déposé ma démission ce matin auprès du Chef de l’Etat. Une décision mûrement réfléchie afin d’avoir toute la liberté de dénoncer et lever le voile sur les commanditaires de cette machination. Et ainsi démontrer, preuves à l’appui, les manipulations et détournements de mes propos« , avait déclaré Vidye Tshismanga, dans un entretien exclusif au magazine panafricain Jeune Afrique.
On rappelle qu’à la suite de cette rocambolesque affaire, le cabinet de Félix Tshisekedi, dans un communiqué le même vendredi 16 septembre, avait réagi, en rappelant que la lutte contre la corruption est l’un des piliers de l’action de ce dernier.
« Le Chef de l’Etat a constamment fait montre de fermeté pour combattre ce fléau qui a appauvri notre pays depuis des décennies« , soulignait ledit communiqué. Ce, non sans rappeler que « la création de l’Agence nationale de prévention et de lutte contre la corruption(APLC), la réhabilitation de l’inspection générale des finances (IGF), la redynamisation de la Cour des comptes ainsi que le processus de digitalisation de l’administration publique en sont les preuves tangibles.
« Toute personne, y compris au sein du cabinet du Président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le Règlement intérieur du cabinet présidentiel, subira la rigueur de leurs effets« , soulignait le dit communiqué du cabinet de Félix Tshisekedi, rendu public après la démission de Vidye Tshimanga. Ceci pourrait donc expliquer cela.
LA JUSTICE DANS LE DROIT DE SE SAISIR DU DOSSIER ?
Au-delà de toutes les émotions que charrie cette affaire, Vidye Tshimanga, sans doute « condamné par contumace » par des juges de rue, jouit cependant, de sa présomption d’innocence. A la lumière de ses propos à Jeune Afrique, on comprend, dès lors, qu’il plaide non coupable et parle d’une manipulation, à la limite d’un coup fourré contre lui.
Toutefois, l’opinion se rappelle que lors d’un meeting, le 24 décembre dernier à Mbuji-Mayi, le Président Félix Tshiskedi avait été frontalement pris à partie par la population qui avait accusé son entourage de bande de voleurs. Dès lors que Vidye Tshimanga se présente comme fin négociateur des rétro-commissions au nom du chef de l’Etat, il est de bon droit que la Justice se saisisse de cette affaire pour savoir ce qu’il en est.