La guerre en République Démocratique du Congo (RDC) et celle en Ukraine présentent des similitudes frappantes : interventions étrangères, déplacements massifs de populations, pertes humaines dramatiques et instabilité régionale. Pourtant, la réponse de la communauté internationale à ces deux crises est radicalement différente. Alors que l’Ukraine bénéficie d’un soutien politique, militaire et financier sans précédent, la RDC semble abandonnée à son sort, face à une agression soutenue par le Rwanda. Ce double standard révèle une hypocrisie criante et une géopolitique sélective qui méritent d’être dénoncées avec force.
La guerre en RDC : Un conflit oublié et instrumentalisé
Depuis des décennies, la RDC est en proie à des conflits violents, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, a récemment pris le contrôle de plusieurs villes, dont Goma, la capitale du Nord-Kivu. Ces affrontements ont causé des milliers de morts et des déplacements massifs de population, plongeant des millions de Congolais dans la souffrance et l’insécurité.
Pourtant, malgré l’ampleur de la crise, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. Les Nations Unies, l’Union Africaine et les grandes puissances occidentales semblent minimiser l’implication du Rwanda dans ce conflit. Pire encore, certains acteurs internationaux soutiennent indirectement Kigali, en fermant les yeux sur son rôle dans la déstabilisation de la RDC. Cette passivité contraste fortement avec la mobilisation générale en faveur de l’Ukraine.
La guerre en Ukraine : Une priorité mondiale
En Ukraine, la guerre oppose les forces gouvernementales aux séparatistes pro-russes soutenus par Moscou. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et l’escalade du conflit en 2022, la communauté internationale a réagi avec une fermeté et une unité remarquables. Des sanctions économiques sévères ont été imposées à la Russie, des milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire ont été acheminés vers Kiev, et l’Ukraine est devenue un symbole de la résistance à l’agression.
Cette mobilisation est légitime et nécessaire, mais elle met en lumière le traitement inéquitable réservé à la RDC. Pourquoi l’agression russe en Ukraine est-elle condamnée avec tant de véhémence, tandis que l’agression rwandaise en RDC est tolérée, voire ignorée ? Cette différence de traitement soulève des questions fondamentales sur les priorités et les valeurs de la communauté internationale.
Deux poids, deux mesures : L’hypocrisie démasquée
La réponse disparate à ces deux conflits révèle une réalité géopolitique cruelle : les vies africaines semblent moins valorisées que les vies européennes. Alors que l’Ukraine bénéficie d’un soutien massif, la RDC est laissée à elle-même, confrontée à une agression étrangère et à une trahison internationale.
Le Rwanda, malgré les preuves accablantes de son soutien au M23, continue de jouir d’une impunité totale. Les rapports des experts de l’ONU, les témoignages des populations locales et les preuves matérielles sont systématiquement ignorés. Cette complicité passive de la communauté internationale encourage Kigali à poursuivre sa politique de déstabilisation, au détriment de la paix et de la stabilité en Afrique centrale.
La réunion de Goma : Une fausse lueur d’espoir ?
Le 12 février 2025, une réunion a eu lieu à Goma, réunissant l’Église Catholique du Congo (ECC), la Conférence Nationale des Églises du Congo (Cenco) et Corneille Nangaa de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23). Les chefs religieux ont appelé à la cessation des hostilités, à un dialogue inclusif et à la participation des femmes dans le processus de paix.
Si ces initiatives sont louables, elles risquent de rester lettre morte sans un engagement ferme de la communauté internationale. Le M23, soutenu par le Rwanda, n’a aucune raison de cesser les hostilités tant qu’il bénéficie de cette impunité. La paix en RDC ne pourra être atteinte que si les véritables responsables de cette crise sont tenus pour responsables.
Conseil à S.E. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo : Refuser la négociation, changer d’alliance
Monsieur le Président,
La situation actuelle exige une réponse ferme et stratégique. Accepter de négocier avec le M23, dans les conditions actuelles, serait une erreur historique. Cela ouvrirait la porte à de futures rébellions et enverrait un message de faiblesse à vos adversaires. Au lieu de cela, vous devez prendre les choses en main et communiquer publiquement la trahison internationale dont la RDC est victime.
Il est temps de rompre avec les alliances traditionnelles qui ont montré leurs limites. Tournez-vous vers les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), une coalition émergente qui pourrait offrir à la RDC un soutien politique et économique alternatif. En rejoignant les BRICS, vous renforcerez la position de la RDC sur la scène internationale et enverrez un message clair à ceux qui cherchent à déstabiliser votre pays.
La RDC mérite mieux que l’indifférence et la trahison. En tant que leader, vous avez le devoir de protéger votre peuple et de défendre la souveraineté de votre nation. Ne laissez pas les intérêts étrangers dicter l’avenir de la RDC.
En conclusion, la guerre en RDC et celle en Ukraine révèlent un double standard criant de la part de la communauté internationale. Alors que l’Ukraine est soutenue sans réserve, la RDC est abandonnée à son sort, face à une agression soutenue par le Rwanda. Il est temps de dénoncer cette hypocrisie et de réclamer justice pour le peuple congolais.
La RDC doit refuser la négociation avec le M23 et chercher de nouveaux alliés parmi les BRICS. Seule une position ferme et stratégique permettra de mettre fin à ce cycle de violence et de trahison.
*Christian Mayombe Mitsu*
*Économiste, analyste politique et libre penseur*
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**Références :**
1. Rapports sur les activités du M23 et le soutien rwandais.
2. Déclarations des chefs religieux lors de la réunion de Goma, 12 février 2025.
3. Données sur les déplacements de population et les pertes humaines en RDC.
4. Comparaison des réponses internationales aux crises en Ukraine et en RDC.
5. Analyse des implications géopolitiques de l’adhésion aux BRICS.