En République démocratique du Congo, le nombre des femmes dans les instances de prise de décisions reste encore faible, notamment leur participation active dans la politique. Cest ce qui ressort du rapport 2020 de l’Union interparlementaire, une organisation mondiale des parlementaires nationaux. Dans ce rapport, la RDC est classée à la 104ème place sur 182 pays avec 17% de femmes au gouvernement et la 150ème place sur 189, avec 12% des femmes à lAssemblée nationale et 20% au Sénat.
Il convient de signaler également que l’actuel gouvernement de la République publié en avril 2021 a élevé 27% le taux des femmes.
Ayant connu un retard par rapport aux hommes dans le monde politique, la femme et la jeune fille en RDC ont besoin d’un accompagnement pour se faire une place, et aussi accroître leur participation aux élections.
C’est dans cette optique qu’intervient l’accompagnement des organisations de la société civile (OSC), surtout en termes de formation, en faveur de la femme et de la jeune fille pour accroitre leur participation au processus electoral et dans la politique.
Tel est le cas du Cadre Permanent de la Femme Congolaise (CAFCO) qui s’est lancée dans la formation des femmes après avoir évalué les premières élections générales de 2006.
« Nous avons évalué les élections de 2006 pour déceler les causes ayant fait que les femmes ne soient pas représentées. Après avoir identifié les causes endogènes et exogènes par rapport à la femme, nous avons commencé à sensibiliser les femmes au sein de leurs partis politiques pour savoir quel poste occupent-elles. C’est alors que nous avons tiré la conclusion de commencer à former les femmes », a raconté Félicité Kanku, Représentante de CAFCO.
Désormais, CAFCO forme les femmes en mentorat, en communication politique, et aussi comment tenir son discours, comment faire sa campagne électorale. » Suite à cette expérience, nous avons vu les femmes s’améliorer à chaque échéance électorale », a rassuré Mme Kanku.
Pour cette activiste des droits des femmes, elle croit que ces formations sont des bonnes opportunités pour les femmes parce qu’il y a celles qui ne savent pas se décider.
» Cest pourquoi nous donnons également les formations de l’intelligence émotionnelle pour permettre à la femme de se connaître, de connaître ses émotions. L’objectif est de permettre à la concernée de décider s’il faut se positionner ou abandonner tout simplement parce quon ne va pas en politique avec des émotions », a souligné la Représentante de CAFCO qui est aussi formatrice.
Il y a également d’autres OSC qui font le même travail, à l’instar du Réseau 2Congo Genre et Développement (R2CONGO). Selon la Chargée de Programme Adjointe de l’ONG, Laetitia Mundele Lusamba, étant donné que la RDC a besoin de l’apport de l’homme et de la femme pour son développement durable, R2CONGO prépare les jeunes filles. « Il est vraiment nécessaire que ces filles soient préparées pour comprendre la vie politique », a déclaré Mme Mundele.
La participation politique des jeunes en général et des jeunes filles en particulier fait partie des objectifs de son organisation.
Cette Chargée de Programme Adjointe a notifié que la formation étant continue, son organisation sensible également sur la nécessité des partis politiques, leur fonctionnement ainsi que leur contribution dans le développement durable, y compris la maîtrise de soi, lexpression en publique, le marketing politique et le leadership féminin.
Aux femmes de saisir l’opportunité
Cadre dans le parti politique Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC), Anne-Marie Makombo, a signifié que c’est une bonne chose que les femmes puissent être accompagnées par les organisations de la société civile (OSC).
Raison pour laquelle, elle a encouragé les femmes à ne jamais être absentes quant elles sont sollicitées parce que les formations sont très importantes en politique. Elle a convié les dames de pouvoir profiter de cette opportunité au maximum, avant de les rassurer quelles vont, petit à petit, évoluer, se lancer et s’affirmer en politique.
Etant, elle-même bénéficiaire de plusieurs formations, notamment avec l’Institut national Démocratique (NDI), une ONG américaine basée en RDC, Mme Anne-Marie Makombo est devenue, à son tour, formatrice. » Ces formations m’ont beaucoup apporté en politique. Elles ont fait de moi ce que je suis aujourdhui », a affirmé cette femme politique qui a donné aussi des formations dans certaines provinces dont le Katanga et le Kasaï-Central.
En venant dans la politique, dit-elle, la femme doit notamment s’affirmer et donner son point de vue. « Quand la femme est accompagnée par la société civile, elle a souvent l’occasion de s’exercer dans toutes ces choses. C’est ainsi qu’elle devient plus compétente en politique », a-t-elle ajouté.
Cette femme politique dit pouvoir accorder une importance particulière à la prise de la parole en public. « La politique, c’est vraiment la parole parce qu’il faut savoir s’exprimer et défendre ses idées », a-t-elle insisté. Cest ainsi que son parti politique forme ses jeunes, surtout les jeunes filles à la prise de parole en public.
Pour sa part, la Députée Nationale, élue de la circonscription électorale de Kinshasa/Lukunga, Christine Feza Motema, dit être accompagnée par l’ONU Femmes à travers plusieurs formations avant de postuler à l’élection législative nationale.
Elle a aussi signalé que ces formations ont été une opportunité pour elle. » J’affirme que ces différentes formations suivies avant les élections m’ont beaucoup aidé dans ma manière de travailler sur terrain », a ajouté lélue de Lukunga.
Grâce à cet encadrement, elle a bénéficié des expériences des autres femmes politiques qui avaient déjà une certaine avance dans le domaine notamment les connaissances du terrain qu’elle a pu capitaliser au moment opportun.
Pour avoir connu cette expérience, Mme Feza Motema a indiqué qu’il est très capital pour celles qui veulent se lancer au processus électoral d’être formées. « Les différentes formations viennent renforcer ce que vous avez déjà et vous donne encore plus de vision dans ce que vous devez faire au moment venu », a-t-elle affirmé avec assurance.
La représentante du peuple a tout de même reconnu que ces formations ont porté un plus lors de sa participation aux élections.
Avocat au barreau de Kinshasa/Matete, Me Laurent Mbala, pense que l’accompagnement des OSC aux femmes politiques permet à la femme de connaître les règles du jeu dans lesquelles elles s’engagent.
Dans une société où la femme est minoritaire dans la configuration du jeu électoral, elle doit connaître davantage les questions électorales, les textes qui les régissent pour qu’elle soit plus apte à se protéger et à défendre ses droits, a souligné le défenseur des droits.
Le juriste a renseigné qu’en tant que candidate, la femme a l’obligation de maîtriser ses droits et devoirs pour n’est pas, par exemple, être écartée de la course.
S.Mbuyi, JDH.
