Depuis sa création en 2012, le Mouvement Terroriste de l’AFC/M23 a semé la terreur en République Démocratique du Congo (RDC). Cette rébellion, composée principalement de dissidents du mouvement rebelle congolais CNDP, a mené plusieurs attaques contre les forces gouvernementales et a causé de nombreux déplacements de population. Face à cette menace, le régime de Kinshasa a pris des mesures drastiques pour combattre l’AFC/M23, allant jusqu’à prononcer des condamnations à mort et à offrir des récompenses pour l’arrestation de ses dirigeants. Cependant, après l’élection du nouveau président Félix Tshisekedi en janvier 2019, un vent d’espoir a soufflé sur le pays. Le chef de l’État s’est engagé à promouvoir la paix et la réconciliation nationale, notamment en entamant des pourparlers avec les groupes rebelles actifs dans l’est du pays. C’est dans ce contexte que l’AFC/M23 a récemment lancé un appel au dialogue avec le régime de Kinshasa, en invitant le président Tshisekedi à exprimer publiquement sa volonté de négocier avec eux. Cet appel a été accompagné de six préalables, que l’AFC/M23 considère comme essentiels pour permettre la tenue de négociations constructives.
Tout d’abord, le mouvement terroriste demande une déclaration solennelle de M. Tshisekedi exprimant la volonté politique de son régime de mener des négociations directes avec l’AFC/M23, a-t-on appris dans le compte X du journaliste Steve Wembi. Cette déclaration pourrait marquer le début d’un dialogue sincère et ouvert entre les deux parties.
Ensuite, l’AFC/M23 demande l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022 et de toutes les autres mesures restrictives prises par le régime de Kinshasa à son encontre.
Ces mesures ont été fortement critiquées par des organisations de défense des droits de l’homme, qui y voient des atteintes à la liberté d’expression et de réunion.
Leur annulation permettrait de créer un environnement plus propice aux négociations politiques. Le troisième préalable concerne les poursuites judiciaires engagées contre les membres de l’AFC/M23.
Le mouvement terroriste demande l’annulation de toutes les condamnations à mort, des poursuites, des mandats d’arrêt et même l’offre d’une récompense pour l’arrestation de ses dirigeants et cadres. Cela permettrait de dissiper les craintes des membres de l’AFC/M23 quant à leur sécurité et leur permettrait de s’engager pleinement dans le processus de négociation.
Le quatrième préalable concerne la libération des civils et militaires arrêtés et/ou accusés d’être de connivence avec les AFC/M23.
Le mouvement terroriste dénonce des arrestations arbitraires basées sur des critères discriminatoires tels que l’apparence physique, l’ethnie ou les relations professionnelles et amicales avec ses membres. La libération de ces personnes pourrait contribuer à créer un climat de confiance entre les deux parties.
Le cinquième préalable met l’accent sur la lutte contre les discours de haine et les actes de discrimination à l’encontre de certaines communautés, notamment les personnes parlant le swahili ou le kinyarwanda.
L’AFC/M23 demande la fin de ces pratiques qui alimentent les tensions et les conflits intercommunautaires et souhaite que le gouvernement mette en place des mesures visant à protéger toutes les communautés.
Enfin, le dernier préalable concerne la signature d’un accord bilatéral de cessez-le-feu entre le régime de Kinshasa et l’AFC/M23. Cela permettrait de mettre fin aux violences et de créer un environnement favorable aux pourparlers de paix.
Si ces préalables sont pris en compte par le régime de Kinshasa, cela pourrait marquer un tournant dans le conflit opposant l’AFC/M23 au gouvernement congolais. Les négociations pourraient enfin débuter et, espérons-le, aboutir à un accord de paix durable.
Le président Tshisekedi a une occasion en or de démontrer son engagement en faveur de la réconciliation nationale en répondant positivement à l’appel de l’AFC/M23 et en prenant des mesures concrètes pour entamer des pourparlers.
Il est grand temps de mettre fin à la violence et de travailler ensemble pour construire un avenir pacifique pour la RDC.
Givenchy Mayamba