Le Centre neuro-psychopathologique de l’Université de Kinshasa (CNPP) éprouve beaucoup de difficultés à prendre en charge ses patients faute de moyens. L’hôpital compte actuellement environ 65 malades mentaux, abandonnés par les familles qui ont communiqué de fausses adresses, affirme le professeur Valentin Ngoma Malanda, vice-doyen de la faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa et médecin directeur du CNPP.
«La Police nationale congolaise (PNC) et d’autres institutions de vocation similaire ont pris l’habitude de nous amener des malades mentaux depuis 2012, lors du sommet de la Francophonie organisé à Kinshasa.
« Malheureusement, soutient-il, la Police vient parfois nous abandonner les malades sans même voir les malades que nous sommes. Et comme si cela ne suffisait pas, beaucoup de familles des malades mentaux ont aussi pris la mauvaise habitude de venir nous les confier en laissant de fausses adresses.
Automatiquement, la charge de la prise en charge de ces malades nous revient. Normalement, c’est une charge qui incombe à des services étatiques compétents en la matière», révèle le médecin directur de CNPP, se confiant à Forum des As.
PLUS D’UNE ANNÉE SANS APPUI DU GOUVERNEMENT
Valentin Ngoma a saisi cette occasion pour parler du calvaire que traverse son établissement, coupé de la subvention du Gouvernement. Il révèle les difficultés que le CNPP éprouve pour loger ces malades mentaux, les soigner, les nourrir et leur trouver de quoi se couvrir en cette période de froid intense.
«Nous éprouvons beaucoup de difficultés pour prendre en charge ces malades mentaux abandonnés. Les prendre en charge signifie d’abord leur garantir un bon logement, les soigner et les nourrir. En cette période rigoureusement de froide, il faut bien les couvrir et les habiller. C’est une lourde charge qui résorbe la majeure partie de nos recettes qui auraient pu servir à nous doter des réactifs, des médicaments et à réhabiliter nos infrastructures», s’est-il plaint.
A en croire Valentin Ngoma, cela fait plus d’une année que le CNPP n’a pas bénéficié d’un appui du Gouvernement en termes de subvention pour prendre en charge les malades. Ce qui les place dans une situation très difficile.
VIVEMENT UN SCANNER ET UN IRM
«Je n’ai pas honte de vous avouer que, depuis plus d’une année, nous n’avons plus reçu un seul rond de la part du Gouvernement pour prendre en charge des malades. Pour ne pas tomber sous le coup de la non-assistance en personnes en danger, nous sommes bien obligés de les prendre en charge avec nos maigres recettes», a indiqué Valentin Ngoma.
Selon ce professeur des universités, le CNPP est actuellement buté à beaucoup de difficultés d’ordre matériel. Il cite en premier lieu le manque des médicaments et des réactifs appropriés pour la prise en charge des malades errants et abandonnés.
En ce qui concerne le problème d’appareillage, le professeur Valentin Ngoma souligne que l’unique appareil de radiologie dont disposait le CNPP, de génération 1960, est complètement tombé en panne. Il plaide pour que le Gouvernement puisse doter son établissement d’un scanner, voire d’un appareil d’imagerie à résonance magnétique (IRM).
VIEILLISSEMENT DU PERSONNEL
«Nous avons un sérieux problème d’appareillage. L’appareil de radiologie de la génération 1960, dont nous disposions, a complètement cédé. On devrait tout logiquement le remplacer tout au moins par un scanner et pourquoi pas par un appareil d’imagerie à résonnance magnétique (IRM). Nos appareils d’exploration fonctionnelle, notamment l’électro encéphalographie, commencent aussi à accuser des défaillances. Nos appareils de biologie clinique mêmement. Ils devraient être aussi remplacés», a-t-il révélé.
Le CNPP souffre également du vieillesemnt de son personnel et du délabrement de ses infrastructures. Le professeur Valentin Ngoma demande au Gouvernement congolais, son employeur, de songer à engager de nombreuses unités plus jeunes et compétentes pour rajeunir le personnel du CNPP.
D’après lui, le CNPP dispose, malgré tout, d’un personnel hautement qualifié qui n’a rien à envier à tous les centres neuro-psychologiques de l’Afrique francophone. Il suffit juste qu’on mette à sa disposition des moyens nécessaires en vue de lui permettre de remplir pleinement sa mission, a conclu le Professeur Valentin Ngoma.