Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi a dénoncé mercredi, à New-York aux Etats Unis le soutien massif tant en matériels de guerre qu’en hommes de troupes, de la République du Rwanda aux terroristes du M23, lors de son allocution à la 77ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.
«Au mépris du droit international, de la Charte de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de l’acte constitutif de l’Union africaine (UA), le Rwanda a une fois de plus, non seulement agressé en mars dernier mon pays par des incursions directes de ses forces armées, mais aussi occupe des localités de la province du Nord-Kivu», a-t-il déclaré en substance.
Dans le souci d’éclairer la communauté des nations et mettre fin à la sempiternelle dénégation des autorités rwandaises, le Chef de l’Etat a fait savoir que le gouvernement congolais réitère sa demande au Président du Conseil de sécurité de distribuer officiellement à ses membres, le dernier rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC afin de l’examiner avec diligence et d’en tirer les conséquences qui s’imposent sur le plan du droit, de la paix et de la sécurité internationale.
A ce sujet, le Chef de l’Etat qui est également le Président de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) a précisé que procéder autrement serait d’une part, encourager le Rwanda à poursuivre son agression, ses crimes de guerre et celles contre l’humanité en RDC, et de l’autre part, nourrir davantage la suspicion légitime des Congolais sur l’impartialité de l’ONU ainsi que la complicité de certains de ses membres dans ces crimes.
Pour mettre fin à la suspicion et dissiper l’ambigüité de certaines dispositions du Conseil de sécurité sur cette crise sécuritaire, le Président Félix Antoine Tshisekedi a souligné que le gouvernement de son pays a demandé la réévaluation du plan de retrait progressif et responsable de la MONUSCO. Cette démarche, a-t-il soutenu, est parti d’un constat unanime des faiblesses regrettables qui a affecté certainement l’efficacité et la légitimité de l’action de l’ONU en RDC.
«Nul ne peut donc prétexter de ce discours imaginaire pour justifier des aventures criminelles au Congo, diviser les congolais et fragiliser l’unité nationale à laquelle tous mes compatriotes tiennent. La RDC n’est pas et ne sera jamais génocidaire», a déclaré le garant de la nation, avant de soutenir que la prétendue «collaboration» que certains officiels congolais entretiendraient avec les opposants rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), dont se servent les dirigeants rwandais pour justifier leurs agressions répétées en RDC est un alibi qui n’est corroboré par aucun fait avéré sur le terrain.
Il a fait savoir par la même occasion que le peuple demande aux Nations Unies, à l’UA, aux communautés régionales africaines et aux partenaires de la RDC de ne plus se fier aux dénégations éhontées des autorités rwandaises et de contribuer plutôt au rétablissement de la sécurité, à la construction d’une paix durable et à la création des conditions nécessaires à une coopération fructueuse dans la région des Grands Lacs pour le bien de tous.
Par ailleurs, le Président a estimé nécessaire de rendre effectif le retrait immédiat du « M23 » des localités occupées, de multiplier les pressions sur le Rwanda dont les dirigeants sont du reste sous sanctions de l’ONU, d’appuyer la poursuite du processus de paix de Nairobi, les discussions de Luanda «RDC-Rwanda», d’encourager le Président honoraire du Kenya, Uhuru Kenyata et le Président de l’Angola, Joao Lourenco, à poursuivre leurs bons offices dans cette crise sécuritaire et de lever tout obstacle à la restructuration par la RDC de ses Forces armées et à la montée en puissance de celles-ci pour mieux remplir ses missions régaliennes.
Le gouvernement pour la transformation de ses ressources naturelles
Le Président de la République a rappelé que le gouvernement de la RDC s’est fixé comme objectif d’exploiter, dans le respect des normes environnementales, les ressources naturelles du pays et de les transformer localement pour leur donner de la valeur ajoutée afin de booster l’économie nationale, notamment par la création des richesses liquides et des emplois pour améliorer les conditions de vie des populations congolaises.
De ce fait, a-t-il poursuivi, des stratégies et mesures adéquates ont été adoptées et prises pour éviter les impacts négatifs sur l’environnement en prévoyant à l’instar d’autres pays d’Afrique et d’Europe qui ont relevé ce défi, l’exercice des contrôles gouvernementaux efficaces.
«Il est question pour la RDC d’atteindre ses objectifs économiques et sociaux en préservant ses forêts et en continuant de demeurer le pays solution pour la lutte contre le réchauffement climatique. Mon pays reste ouvert à la coopération avec tout partenaire disposé à l’aider à atteindre ses objectifs» a-t-il dit.
Le Chef de l’Etat a souligné que sur le plan économique, le pari à gagner est celui de donner les chances de redressement aux économies des pays affaiblis par les effets collatéraux des changements climatiques et du coronavirus afin de promouvoir une croissance économique mondiale équilibrée et de stopper l’aggravation de la pauvreté dans les pays en développement.
«Nous ne pouvons pas relever ce défi sans des efforts internes de bonne gouvernance au niveau national, ni investissements productifs des richesses, ni transfert réel des ressources financières suffisantes à ceux qui en ont besoin» a affirmé le Chef de l’Etat.
A cet effet, il a plaidé pour la concrétisation de la proposition de cession par les pays riches d’un pourcentage de leurs droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international (FMI) aux pays les moins nantis, faite par la Conférence de Paris sur la relance des économies post-Covid-19 du mois de mai 2021 et appuyée par un engagement ferme du Sommet du « G20 » d’octobre de la même année à Rome.
«En tout cas, toute facilité d’accès aux ressources additionnelles en faveur des pays éprouvés par les changements climatiques et la Covid-19 sera la bienvenue. De même, l’allègement du fardeau de la dette des pays à faibles revenus devra demeurer une préoccupation permanente qu’il convient d’intégrer dans une approche globale de solidarité internationale.», a-t-il souhaité.
La RDC enregistre des progrès remarquables en termes de croissance économique
Le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a révélé qu’en dépit de la conjoncture économique mondiale difficile par suite des effets pervers de la pandémie de Covid-19, la RDC a enregistré des progrès remarquables en termes de croissance économique, précisant que le rythme de création des richesses s’est accéléré en 2021, grâce particulièrement au dynamisme du secteur minier dont la croissance de la production est passée de 1,0% en 2019 à 10,1% en 2021, par suite de la bonne tenue des cours du cuivre et du cobalt sur le marché international.
Il a expliqué que le taux d’inflation et celui de change du Franc congolais sont restés relativement stables. Aussi, a-t-il ajouté, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu favorablement la deuxième revue du programme soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC), exprimant ainsi son satisfecit sur les politiques macroéconomiques prudentes adoptées par le gouvernement de la RDC.»
« Nous poursuivrons inlassablement ces politiques et l’effort d’amélioration du climat des affaires en cours pour promouvoir les investissements privés et les activités économiques en général », a-t-il déclaré.
La solidarité et la justice dans les relations entre les nations, facteurs de paix et de sécurité mutuelle
Pour le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo la solidarité et la justice dans les relations entre les nations ont toujours été des facteurs de paix et de sécurité mutuelle, car elles rapprochent les hommes et créent des liens d’interdépendance entre eux.
À cet effet, il a indiqué que la lutte contre la pauvreté et la promotion du bien-être collectif sont des digues puissantes contre les conflits sociaux et les tensions entre les Peuples. « C’est pourquoi, la RDC se félicite de l’action collective menée par la communauté internationale contre la Covid-19 et salue l’initiative des États-Unis d’Amérique, « New Feed the Future » pour financer l’agriculture afin de combattre la faim et l’insécurité alimentaire en Afrique par suite de la crise russo-ukrainienne et dont elle est parmi les pays africains bénéficiaires, pour ne citer que ces cas les plus actuels » a-t-il souligné.
Il a appelé la communauté internationale à de telles actions et initiatives qui non seulement contribuent à résoudre les problèmes de survie au quotidien et à créer des emplois accessibles au plus grand nombre, mais aussi distribuent des revenus et du pouvoir d’achat à la base.
Soutien au Zimbabwe sous embargo
Le Chef de l’Etat s’est posé la question, en revanche au nom de la solidarité et de la justice internationale, sur le maintien des sanctions contre le peuple du Zimbabwe, qui de plus, datent de l’époque du défunt Président Robert Mugabe. « Pourquoi, notre organisation est-elle si silencieuse et indifférente à cette injustice à la limite du crime contre un Peuple innocent » ? a-t-il déploré
«En ma qualité de Président en exercice de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), je lance un appel pressant aux Nations Unies de mettre tout en œuvre pour obtenir la levée immédiate des sanctions contre la République du Zimbabwe et son Peuple» a-t-il lancé.
Il a rappelé que dans ce monde devenu multipolaire, aucun pays, aussi puissant et riche soit-il, ne peut prétendre affronter seul certains défis, encore moins, les relever dans l’intérêt de tous.
L’importance des enjeux, la complexité des problèmes à résoudre et l’ampleur de la tâche exigent une approche multilatérale équitable qui intègre les intérêts d’un chacun et mutualise les énergies de tous dans le respect réciproque.
«C’est pourquoi, la RDC continue à penser qu’il est indispensable de mieux structurer le multilatéralisme et de l’enrichir, dans l’égalité de traitement de toutes les parties prenantes, afin de créer des espaces de dialogue et de coopération dont nous avons besoin pour assurer la paix et la sécurité internationales. C’est cela l’Organisation des Nations Unies que nous voulons» a déclaré le Chef de l’Etat.
Pour ce faire, a-t-il ajouté, il faut accorder le bénéfice de l’urgence à la réforme de l’ONU qui semble actuellement marquer le pas, déclarant que :
« Dans ce cadre, je me fais le devoir d’insister sur la nécessité de satisfaire à la revendication légitime et juste de l’Afrique d’être représentée au sein du Conseil de sécurité de l’ONU par deux sièges supplémentaires dans la catégorie des membres non permanents et par deux autres dans celle des membres permanents avec les mêmes droits y compris celui de véto, les mêmes privilèges et obligations que ceux des membres permanents actuels ».
Selon lui, c’est une question de justice à rendre à un continent, mieux à un pan entier de l’humanité dont le rôle ne cesse de s’accroître chaque jour davantage dans la conduite des affaires internationales.
Le Chef de l’Etat insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts pour créer des espaces d’égalité du genre
Le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts en cours tant au niveau international qu’à celui des États pour créer des espaces d’égalité du genre et des opportunités de liberté et d’action pour la femme.
Pour ce faire, a-t-il proposé, l’implication des Hommes dans les politiques de promotion du genre s’avère nécessaire parce que, d’une part, l’homme partage la vie avec la femme et, d’autre part, depuis des temps immémoriaux, pour des raisons diverses, l’homme s’est forgé une prééminence sur la femme qui lui confère une influence déterminante sur le destin de cette dernière.
Le garant de la constitution a rappelé que lors de son mandat à la tête de l’Union Africaine, il a initié une rencontre des Chefs d’État et de gouvernement de l’organisation continentale sous le thème : « conférence des hommes sur la masculinité positive».
«De ce rendez-vous historique tenu à Kinshasa en 2021, il est sorti une Déclaration de l’U.A contenant l’engagement des hommes, notamment celui des Chefs d’État et de gouvernement de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles, et apporter des réponses appropriées de cette problématique. Cette Déclaration constitue une véritable charte de l’UA pour la femme que je m’attèle à matérialiser en ma qualité de champion de l’UA pour la masculinité positive» s’est-il déterminé.
Il a indiqué que c’est dans ce cadre que qu’il a entrepris de promouvoir davantage la congolaise qui occupe aujourd’hui de plus en plus l’avant-plan de la gestion des Affaires publiques au sein des institutions politiques, judiciaires et administratives du pays.
«Cette politique volontariste devra permettre dans l’avenir un changement radical non seulement de perception de la femme et de son rôle dans la société, mais aussi dans la prise en charge par la femme elle-même de son destin» a-t-il martelé, soulignant que la parité n’est pas un cadeau fait à la femme, mais une responsabilité qu’elle doit assumer.