Entretien avec Christian Mayombe Mitsu
Dans cet exposé, nous allons parler premièrement de l’inflation, ensuite de la dévaluation du Franc Congolais et enfin nous allons tenter de comparer les trois premières années du pouvoir politique actuel (2019-2021) et précédent (2007-2009) en termes d’inflation, tout en proposant à chaque fois des pistes de solutions.
I. Quid sur l’inflation :
L’inflation est une augmentation générale et persistante du niveau des prix des biens et services dans une économie donnée, ce qui réduit le pouvoir d’achat de la monnaie locale. En d’autres termes, l’inflation signifie qu’il en coûte plus cher d’acheter les mêmes biens et services qu’avant.
I.a. Les principales causes de l’inflation peuvent être variées, notamment :
– L’inflation par la demande : lorsque la demande de biens et de services augmente, les prix augmentent également.
– L’inflation par les coûts : lorsque les coûts de production (tels que les salaires, les matières premières, les taxes) augmentent, les entreprises répercutent ces coûts sur les consommateurs en augmentant les prix.
– L’inflation monétaire : lorsque le gouvernement imprime trop d’argent, cela a pour effet de réduire la valeur de la monnaie et donc de provoquer l’inflation.
I.b. Les conséquences de l’inflation peuvent être graves et durables. Elles comprennent notamment :
– La réduction du pouvoir d’achat des consommateurs et des entreprises, ce qui entraîne une baisse de la demande et donc de la production de biens et services.
– La diminution de l’investissement à long terme, car les entreprises hésitent à investir si les coûts augmentent rapidement.
– La perte de compétitivité à l’exportation pour les entreprises d’un pays dont la monnaie a perdu de sa valeur.
I.c. Pour lutter contre l’inflation, les gouvernements mettent en place des politiques économiques telles que :
– La politique monétaire : la banque centrale peut augmenter les taux d’intérêt pour freiner l’inflation en rendant plus coûteux les emprunts.
– La politique budgétaire : le gouvernement peut augmenter les impôts ou réduire les dépenses publiques pour éviter une surchauffe de l’économie.
Pour éviter l’inflation, il est important de surveiller la quantité de monnaie en circulation dans l’économie pour éviter une augmentation excessive de l’offre de monnaie, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix. Le maintien de la stabilité des prix est l’un des principaux objectifs de la politique économique de nombreux pays.
II. Quid sur la dévaluation du Francs Congolais :
La dévaluation d’une devise signifie que sa valeur diminue par rapport à d’autres devises. Dans ce cas précis, cela veut dire que le Franc Congolais perd de sa valeur par rapport aux autres devises, mais ici nous allons faire une comparaison principalement avec le dollar américain vu le poids de ce dernier dans l’économie mondiale.
II.a. La dévaluation du Franc Congolais (FC) par rapport au dollar américain (USD) peut avoir plusieurs causes, notamment :
1. La faiblesse de l’économie : Si l’économie congolaise est faible, cela peut entraîner une baisse de la demande pour le FC et donc une dépréciation de sa valeur par rapport à l’USD.
2. L’inflation : Si le taux d’inflation est élevé en RDC, cela peut également entraîner la dévaluation du FC par rapport à l’USD, car les investisseurs auront tendance à retirer leur argent du pays.
3. Le manque de diversification économique : Si l’économie congolaise dépend principalement de l’exportation de matières premières telles que le cuivre, le cobalt et le pétrole, cela peut rendre la monnaie instable, car les prix de ces produits sur les marchés internationaux peuvent fluctuer.
II.b.Pour stabiliser le taux de change du Franc Congolais, plusieurs mesures peuvent être envisagées :
1. Politique monétaire efficace: La Banque Centrale devrait mettre en place une politique monétaire efficace pour contenir l’inflation et stabiliser la monnaie.
2. Diversification économique: Le gouvernement devrait accélérer la diversification de l’économie en encourageant les investissements dans les secteurs autres que les matières premières.
3. Promotion du commerce interne: Le gouvernement devrait encourager le commerce intérieur en favorisant les échanges commerciaux dans le pays plutôt que d’importer des biens de l’étranger.
4. Renforcement de la stabilité politique: La stabilité politique est un facteur important pour renforcer la confiance des investisseurs envers le pays, ce qui pourrait entraîner une stabilité de la monnaie.
5. En renforçant la loyauté et les capacités militaires des FARDC : la guerre, les tueries et les troubles de tout genre fragilisent le tissu économique d’un pays avec un impact très néfaste sur la devise nationale entre autres. Par conséquent, une armée dissuasive et bien équipée aura nécessairement un effet favorable à la stabilité de la devise congolaise et de toute l’économie de la RD Congo.
En somme, pour stabiliser le taux de change du Franc Congolais, il est crucial que le gouvernement congolais et la Banque Centrale travaillent ensemble pour mettre en place des mesures économiques efficaces qui favoriseront la monnaie et rassureront les investisseurs.
II.c. La dévaluation a toujours nargué notre monnaie nationale
Le Franc Congolais a subi plusieurs dévaluations par rapport au dollar américain depuis sa mise en circulation en 1997. Cependant, le nombre exact de fois varie selon les différentes sources disponibles.
En ce qui concerne le pouvoir politique sous lequel il y a eu le plus d’inflation du FC, cela dépend également de la période considérée. En général, l’inflation en RDC est souvent associée aux périodes de conflits armés, de mauvaise gouvernance et de gestion économique inefficace.
Le régime de Mobutu, qui a dirigé le pays pendant plus de 30 ans, a vu une forte inflation qui a culminé à un taux annuel moyen de 2 500% en 1994. Pendant la guerre civile de 1998-2003, le FC a également subi une forte inflation due au manque de confiance des investisseurs et à une mauvaise gestion économique.
III. Brève analyse comparative des 3 premières années du pouvoir politique actuel (2007-2009) et précédent (2019-2021) en termes d’inflation
Cependant, il est important de noter que les facteurs économiques qui affectent la dévaluation et l’inflation du Franc Congolais sont complexes et dépendent de nombreux facteurs économiques, politiques et sociaux. Il est important de noter que la comparaison entre les 3 premières années de l’élection de Félix Tshisekedi et les 3 premières années de l’élection officielle de Joseph Kabila n’est pas très appropriée car les contextes économiques, politiques et sociaux étaient différents. Cependant, vu que certains acteurs politiques se livrent à ce genre de comparaison, voici les chiffres concernant l’inflation du Franc Congolais au cours des trois premières années de l’élection officielle de Joseph Kabila (2006-2010) et les premières années de l’élection de Félix Tshisekedi (2019-2023) :
– Les premières années du régime de Joseph Kabila ont connu une inflation très élevée, avec des taux annuels de 18,2 % en 2007, 16,4% en 2008, 25,8% en 2009 et 10,7% en 2010, selon la Banque Centrale du Congo.
– Pendant les premières années du régime de Félix Tshisekedi, l’inflation était relativement faible par rapport aux années précédentes. Selon la Banque Centrale du Congo, le taux d’inflation annuel a été de 3,4% en 2019, 4,6% en 2020 et 7,8% en 2021.
Il convient de noter que les causes de l’inflation sont multiples et dépendent de nombreux facteurs économiques, politiques et sociaux, et que l’inflation n’est pas directement attribuable au seul président en exercice, mais aussi à d’autres facteurs tels que la politique monétaire, la croissance économique, l’économie mondiale etc.
En guise de conclusion, nous choisissons de voir le verre à moitié plein et exprimons nos encouragements au gouvernement Congolais ainsi qu’au Président de la République, Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour les efforts entrepris dans le sens de la stabilisation de notre économie, quand bien même le défi est énorme. Cependant, nous demandons d’être attentifs à nos suggestions et recommandations, car un seul doigt ne nettoie pas le visage, dit-on.
A la classe politique congolaise et aux intellectuels congolais, nous leur demandons de ne jamais engager des comparaisons sur des bases superficielles sans pénétrer la profondeur des choses avec le risque de passer à côté de l’essentiel.
Mr Christian Mayombe Mitsu
Economiste et Libre penseur.
La Rédaction