Une attaque de la milice a fait au moins 40 morts parmi les civils, dont un bébé, dans la province congolaise de l’Ituri, dans le nord-est du pays.
Des sources locales affirment que plus de 100 personnes sont portées disparues après le massacre présumé de dimanche par le groupe armé Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) dans le territoire de Mongwalu.
Les rebelles ont pris pour cible une mine d’or artisanale dans la province et l’on craint que les mineurs disparus n’aient été tués.
« L’ennemi, la milice Codeco, a pris d’assaut la ville de Kablangete, située à sept kilomètres de Mongwalu dans le secteur Banyali Kilo du site minier, et a déclenché une terreur indicible », a déclaré Jean-Pierre Bikilisende, maire de Mongwalu.
Il a déclaré que la milice avait attaqué la mine d’or de Camp Blanquette et que 29 corps avaient été récupérés, tandis que six autres corps brûlés avaient été retrouvés enterrés sur le site.
Parmi les morts se trouvait un bébé de quatre mois, a-t-il ajouté.
« Il s’agit d’un bilan provisoire », a-t-il dit, car il y avait eu d’autres personnes tuées dont les corps avaient été jetés dans les puits de mine.
Les assaillants, a-t-il dit, ont frappé après avoir profité de l’absence du personnel militaire dans la région le week-end.
« Nous condamnons ce massacre de civils. C’est un acte criminel qui ne doit pas rester impuni », a-t-il ajouté.
Le camp Blanquette a été installé dans une forêt, loin de l’avant-poste militaire le plus proche, donc l’aide est arrivée trop tard, a déclaré Bikilisende.
Cherubin Kukundila, un chef civil de Mungwalu, a déclaré qu’au moins 50 personnes avaient été tuées lors du raid.
Plusieurs personnes avaient été blessées, dont neuf grièvement. Ils étaient soignés à l’hôpital de Mungwalu, a-t-il dit à l’AFP.
Au cours de leur attaque, les pillards ont saccagé des magasins, emporté ce que les mineurs avaient extrait de la mine et incendié des maisons, a-t-il ajouté.
La mine Camp Blanquette est située à sept kilomètres (quatre milles) de Mungwalu.
Les villageois ont fui le territoire, craignant de nouvelles attaques du groupe armé.
Codeco, également connue sous le nom de Coopérative de développement économique du Congo, est une association informelle de divers groupes de milices Lendu opérant en RD du Congo.
Le groupe, décrit diversement comme une secte politico-religieuse armée, était autrefois une coopérative agricole pacifique avant de se transformer en mouvement rebelle armé.
La secte prétend représenter les intérêts de l’ethnie Lendu.
Les communautés Lendu et Hema ont une querelle de longue date qui a fait des milliers de morts entre 1999 et 2003 avant l’intervention d’une force européenne de maintien de la paix.
La violence a ensuite repris en 2017, imputée à l’émergence de Codeco.
Codeco est considérée comme l’une des milices les plus meurtrières opérant dans l’est du pays, responsable de plusieurs massacres ethniques dans la province de l’Ituri.
Il a été tenu pour responsable d’attaques contre des soldats et des civils, y compris des personnes fuyant le conflit et des travailleurs humanitaires.
Ses attaques ont fait des centaines de morts et poussé plus de 1,5 million de personnes à fuir leur foyer.
Plusieurs des milices qui revendiquent l’affiliation à Codeco, qui a déclaré un cessez-le-feu unilatéral en août 2020, sont accusées de massacres et de crimes de guerre par les Nations Unies.
Les provinces troublées de l’Ituri et du Nord-Kivu voisines sont assiégées depuis plus d’un an maintenant et les armées congolaise (FARDC) et ougandaise (UPDF) y mènent des opérations conjointes depuis fin novembre 2021.
Malgré les opérations, les attaques récurrentes des milices et des groupes rebelles font des victimes civiles presque chaque semaine.
L’armée et la police ont remplacé les hauts fonctionnaires dans le but d’endiguer les attaques des groupes armés.
Malgré cela, les autorités n’ont pas été en mesure d’arrêter les massacres régulièrement perpétrés contre des civils.
Sous la pression des dirigeants locaux de l’Ituri et du Nord-Kivu voisin, qui boycottent le Parlement, le président congolais Félix Tshisekedi a décidé de revoir l’efficacité de l’état de siège.
En avril, 16 personnes, dont neuf militaires, ont été jugées en RD Congo accusées d’avoir vendu des armes à Codeco. Le procès se déroule devant un tribunal militaire en Ituri.