Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté jeudi une résolution prolongeant un embargo sur les armes contre les groupes armés au Congo, qui fait face à une recrudescence de la violence dans l’est riche en minerais, la Russie, la Chine et ses trois membres africains s’étant abstenus.
Le gouvernement congolais a demandé à plusieurs reprises la levée de l’obligation de notifier à l’avance toute livraison d’armes et de fournitures militaires ainsi que l’assistance militaire qu’il reçoit au comité du Conseil de sécurité chargé de surveiller les sanctions contre le pays.
L’exigence a été assouplie dans la résolution rédigée par la France qui a été adoptée par un vote de 10 contre 0. Les cinq pays qui se sont abstenus ont soutenu le Congo et ont demandé la levée de l’exigence.
La résolution maintient l’embargo sur les armes pour les groupes rebelles ainsi que le gel des avoirs et les interdictions de voyager pour les individus et les entités jusqu’au 1er juillet 2023. Elle prolonge également le mandat du groupe d’experts surveillant les sanctions jusqu’au 1er août 2023.
L’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas De Rivière, a déclaré que la demande du Congo de lever la procédure de notification avait été entendue et que la résolution adoptée jeudi « allège considérablement cette procédure » afin de soutenir les réformes des forces armées congolaises. Mais cela ne met pas fin à l’exigence.
« La France regrette que cette avancée, certes partielle mais qui reflète l’équilibre des positions au Conseil de sécurité, n’ait pas fait l’unanimité », a-t-il déclaré. « Nous espérons que les mesures restant en vigueur pourront évoluer à l’avenir conformément aux efforts nationaux de lutte contre le trafic d’armes et la prolifération des armes. »
La résolution a été adoptée un jour après que l’envoyé spécial de l’ONU pour le Congo a averti que le groupe rebelle M23 a de plus en plus agi comme une armée conventionnelle lors de l’escalade de l’action militaire dans l’est instable et pourrait menacer la force de maintien de la paix de l’ONU chargée de protéger les civils.
Bintou Keita a exhorté le Conseil de sécurité à soutenir pleinement les efforts régionaux visant à désamorcer les tensions entre le Congo et le Rwanda au sujet des rebelles du M23 et d’autres groupes armés qui ont fait craindre une guerre entre les pays voisins. Le Congo a accusé le Rwanda de soutenir le M23, ce que le Rwanda a longtemps nié. Chaque pays a accusé l’autre d’incursions récentes.
L’est du Congo, qui borde le Rwanda, vit au quotidien sous la menace de dizaines de groupes armés qui se bousculent pour s’emparer d’un morceau des riches richesses minérales de la région, que le monde utilise pour les voitures électriques, les ordinateurs portables et les téléphones portables. Le M23, l’un des groupes rebelles les plus notoires, est entré en action cette année et s’est emparé d’une ville commerciale clé dans l’est du Congo ce mois-ci.
La résolution exprime sa préoccupation « face à la présence continue de groupes armés nationaux et étrangers » dans l’est du Congo « et aux souffrances qu’ils infligent à la population civile du pays, notamment à cause des violations des droits de l’homme ». Il indique que la situation au Congo « continue de constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales dans la région ».
L’ambassadeur chinois Zhang Jun a déclaré au conseil après le vote que 18 ans après l’imposition de sanctions visant à freiner les activités violentes des groupes armés, ces groupes « restent endémiques » dans l’est tandis que la « capacité de sécurité du gouvernement a été limitée ».
Face à la détérioration de la sécurité et à l’insurrection du M23, a-t-il dit, les forces de sécurité congolaises, confrontées à un embargo sur les armes et à d’autres facteurs, « n’ont pas la capacité de sécurité adéquate » pour réagir.
Zhang a déclaré que la Chine et les membres africains du conseil – le Kenya, le Gabon et le Ghana – étaient favorables à la levée de l’exigence de notification pour les fournitures militaires du gouvernement, mais se sont heurtés à l’opposition de certains membres.
Malgré l’assouplissement des notifications dans la résolution, a-t-il déclaré, « la résolution continuera de soumettre la grande majorité des armes et équipements nécessaires aux forces de sécurité (congolaises) à une notification obligatoire ».
Lors de la réunion du conseil de mercredi, les trois membres africains ont publié une déclaration commune soutenant la demande du gouvernement congolais, affirmant que « l’exigence actuelle de notification reste un obstacle bureaucratique inutile qui porte atteinte à la souveraineté » du Congo.