Contre toute attente qui a empêché une rencontre en face-à-face, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et des représentants des groupes rebelles ont tout de même réussi à lancer les pourparlers organisés par Nairobi, dans une ultime recherche de paix dans l’est troublé de le pays.
Quelques heures tendues après que la délégation du M23 ne se soit pas présentée sur les lieux, les pourparlers d’ouverture ont finalement eu lieu par liaison vidéo.
C’est encore tôt mais il y a des raisons d’espérer.
Les pourparlers viennent sur l’épaule de l’admission formelle de la RD Congo à la Communauté de l’Afrique de l’Est. Loin d’être annonciatrice de malheur, la réincarnation surprise du M23, près d’une décennie après qu’une force combinée de troupes tanzaniennes et sud-africaines les a chassés de leurs bastions dans la province du Nord-Kivu, doit être vue en termes plus positifs.
Leurs attaques contre les positions des forces armées congolaises étaient clairement programmées pour attirer l’attention sur une cause qui risquait de se perdre alors que les dirigeants régionaux faisaient sauter le champagne à l’expansion de l’EAC vers l’ouest.
La dernière série d’engagements a lieu parce que toutes les parties reconnaissent les avantages et l’importance de l’admission de la RD Congo dans la Communauté de l’Afrique de l’Est.
En ce sens, les protagonistes font probablement la guerre pour gagner la paix. Ce n’est pas non plus un hasard si le président Tshisekedi a rapidement demandé la paix.
Contrairement à son prédécesseur Joseph Kabila, il peut faire des compromis sans être perçu comme un vendu à Kampala et Kigali, la véritable force derrière les rebelles qui ont évincé Mobutu Seseseko du pouvoir en 1997.
Le président Tshisekedi a donc une fenêtre d’opportunité étroite pour tirer le rideau sur un chapitre laid de l’histoire de la RD Congo. Des rebelles devenus alliés seraient un plus pour lutter contre les myriades de bandes armées qui font des ravages dans l’est du pays.
Comme l’a démontré le soulèvement du M23, l’Afrique de l’Est ne peut pas être en paix ou exploiter pleinement le potentiel de l’intégration régionale si les gouvernements de la région s’engagent dans des actes qui créent l’apatridie.
Heureusement, il existe un précédent. La Tanzanie a désamorcé la crise de ses colons burundais en naturalisant ceux qui étaient disposés à acquérir la citoyenneté.
Même si les efforts de la Communauté de l’Afrique de l’Est pour pacifier l’est du Congo sont louables, ils ne peuvent aller aussi loin que s’ils sont guidés par un esprit de concession mutuelle et d’engagement constructif.
Les groupes rebelles doivent adopter une vision à long terme qui envisage les avantages sociaux et économiques plus larges d’un Congo pacifique.
Ils devraient engager le gouvernement à la restitution de la citoyenneté et de leurs droits en tant que congolais comme condition minimale d’un règlement. Le gouvernement, quant à lui, devrait engager les rebelles à déposer les armes et signer un programme de réhabilitation et de reconstruction sociale.